Du théâtre engagé contre l’homophobie à l’Atrium
SOCIÉTÉ Les Amis du théâtre abordent avec la pièce jouée ce soir, à Dax, le thème de l’hostilité à l’égard des homosexuels
Homophobie, rejet de l’homosexualité et hostilité à l’égard des homosexuels. Ce sujet, tabou dans nombre de pays, est abordé dans la pièce « Ogres ». Cette création théâtrale originale est née grâce à la Fédération d’associations de théâtre populaire (FATP). Ce collectif dont l’association locale des Amis du théâtre fait partie intégrante, se charge de sélectionner des textes jamais joués. En lice trois travaux. Celui de Yann Verburgh a suscité bien des débats. « Ce texte contemporain n’y va pas par quatre chemins », présente Carine Bonnard, vice-présidente des Amis du théâtre de Dax, professeur de français et de latin au lycée Borda. En janvier dernier, la première représentation confidentielle, à Avignon, retient l’attention et bloque le choix. La fédération opte pour la coproduction d’« Ogres ». De cet engagement, la compagnie du même nom voit le jour. Le sujet des agressions homophobes « montre des récits marquants » à travers le monde (Russie, Ouganda, Iran, Brésil, Grèce, États-Unis,…). Avec en fil rouge, l’histoire de Benjamin, conduite jusqu’au procès.
Thème inattendu
Carine Bonnard, a assisté à la première : « J’y allais avec des attentes. Finalement, la mise en scène n’est pas redondante. Le texte, choisi pour son écriture, aborde un thème inattendu. Il faut écouter jusqu’au bout le message ». Du théâtre engagé pour « montrer aux Dacquois ce qu’ils n’ont pas l’habitude de voir ». Cette pièce part de faits divers entrecroisés, de destins, de témoignages, de voix de victimes d’agressions homophobes. Sur scène, la violence de ces actes, la réalité en pleine tête. Chaque cas se présente sous forme de saynète avec en décor une forêt où se trouvent les ogres. Tout en gardant bien en vue la ligne directrice, celle de Benjamin, instituteur, torturé et laissé pour mort dans un bois de Normandie. « Toutes les histoires se passent chez lui. Les personnes y viennent pour parler de leur vécu », glisse le metteur en scène roumain, Eugen Jebeleanu, qui souhaite rendre ce spectacle accessible. « Ce texte parle de la liberté d’aimer, des minorités, de la parole des parents et des victimes ». Toutefois, les Amis du théâtre tiennent à prévenir les lecteurs et les futurs spectateurs. La représentation s’adresse aux personnes de plus de 16 ans car les acteurs emploient un langage parfois virulent et direct. Certaines scènes sont jugées dures.
Susciter le débat
Dans le même décor, l’homosexualité féminine et masculine occupe toute la scène, « pour toucher un maximum de personnes », espère Carine Bonnard. Elle attend l’ouverture d’un débat autour de cette pièce « qui ne laisse pas indifférent ». La compagnie organise un « bord de scène ». Ainsi, les spectateurs peuvent échanger avec les comédiens et le metteur en scène. « C’est important d’avoir une discussion après. Le public a besoin d’entendre le message, de parler de ce sujet et de ces questions, de se créer un monde. Chaque spectateur peut y trouver son chemin », raisonne Eugen Jebeleanu. « Ogres », actuellement en tournée dans toute la France, ne se joue qu’une fois dans le Sud-Ouest, à Dax, ce soir. La pièce s’exporte ensuite dans le Sud-Est avant d’envahir la capitale cet automne. « Cette pièce a un bel avenir. Il est important de faire vivre ce texte », estime la vice-présidente des Amis du théâtre. Des places restent disponibles (encadré ci-dessous).
PROGRAMMATION
L’association des Amis du théâtre propose un spectacle par mois à l’Atrium, à 20 h 30. Le 25 mars, se joue la pièce d’Emmanuel Gil « Le Delirium du papillon ». Le 7 avril, celle de Stendhal « La Chartreuse de Parme ». Pour l’achat des places, un tour à l’office de tourisme suffit. Il peut aussi se faire le jour de la représentation.
ALEXIA CHARTRAL
dax@sudouest.fr